Évaluation de la dose au cristallin pour les technologues en médecine nucléaire et en TEP.  

Olivia Sharp | Université de Toronto et The Michener Institute of Education du Réseau universitaire de santéSalle 2032, 11 h 10 - 11 h 30

Contexte  

En 2021, la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a ajusté la limite de dose équivalente pour le cristallin à 50 mSv pour une période d’un an en se basant sur la recommandation faite par la Commission internationale de protection radiologique (CIPR). C’était une réduction importante en comparaison avec la limite précédente de 150 mSv en un an. La CCSN a suggéré d’examiner les risques sur les lieux de travail afin de déterminer si des pratiques sécuritaires supplémentaires nécessitaient d’être implantées pour protéger le cristallin. Les situations causant un risque accru ont été mentionnées par la CCSN, comme les personnes soumises à une exposition non uniforme à l’œil et les personnes exposées aux rayonnements faiblement pénétrants. Des champs non uniformes peuvent se produire lorsque le tronc du corps est protégé, mais pas les yeux et lorsque la tête est plus proche de la source que le corps. Par exemple, lors de l’examen ou de la préparation d’une seringue contenant un isotope pour des procédures en médecine nucléaire ou en TEP. L’objectif est d’examiner l’exposition du cristallin et de la comparer aux doses enregistrées par les dosimètres pour le corps entier.  

Méthode  

Au total, huit travailleur·euse·s en MN et en TEP ont reçu des dosimètres oculaires Mirion Type 27 (LiF:Mg, Ti puce DTL100) à porter pour environ deux trimestres (6 mois). Ceux-ci ont été portés avec les DTL personnels pour le corps entier et pour extrémités préalablement assignés. Les membres du personnel ayant les doses équivalentes les plus élevées provenant des activités autorisées par la CCSN ont été sélectionnés. Les dosimètres ont été portés près de l’œil sur le devant de la tête. Les travailleur·euse·s ont reçu des lunettes de sécurité sur lesquelles était attaché un dosimètre oculaire ou une seconde option consistait à fixer le dosimètre à un masque médical à une distance approximativement égale du cristallin de l’œil. Il est important de noter que le personnel effectue une rotation entre les zones de TEP et de MN. Au premier trimestre, un seul dosimètre par personne avait été assigné pour les deux zones. Au second trimestre, un dosimètre a été assigné pour chaque zone (2 par personne) et les résultats de doses ont été additionnés. Le nombre de procédures effectuées par les travailleur·euse·s a été recueilli et pris en compte.  

Résultats  

Les doses théoriques ont été calculées de manière prudente afin d’inclure l’exposition des dosimètres pour le corps entier. Ceci a été considéré comme une dose supplémentaire encourue par trimestre en raison des champs non uniformes (lorsque la tête était plus proche de la source que le dosimètre pour le corps entier sur le torse, à 50 cm de distance). Il a été supposé que chaque membre du personnel avait passé un maximum de 10 secondes à une distance source-œil de 10 cm par procédure. Ceci se produit lors du transfert du matériel de la réception au L-Block, en se penchant au L-Block pour mieux voir lors du retrait d’une dose, ou lors d’une brève exposition au moment de l’administration au patient par intraveineuse. Le personnel mesurant approximativement 1,5 m (5 pieds) ou moins a noté des problèmes pour voir l’activité prélevée dans la seringue au travers du L-Block et a utilisé un tabouret. De même, le personnel de grande taille est potentiellement exposé lorsqu’il regarde au-dessus du L-Block. Une exposition oculaire non protégée de 10 secondes est cependant une estimation prudente pour chaque procédure effectuée et les facteurs de blindage autres que la seringue/fiole ne sont pas pris en compte dans les calculs.  

Les résultats des DTL oculaires de Mirion pour une partie du 1er et du 2e trimestres de 2024 ont confirmé les estimations pour le personnel surveillé. Les trois expositions trimestrielles les plus élevées étaient de 2,48 mSv, 2,15 mSv et 1,97 mSv. En extrapolant prudemment pour quatre trimestres, les résultats de dose aux cristallins sont légèrement sous la valeur de 10 mSv annuellement et bien en deçà de la limite de dose au cristallin de 50 mSv/an. En comparant les résultats des DTL oculaires avec les résultats des DTL pour le corps entier (en mSv) pour le 2e trimestre, on peut voir que les résultats pour le corps entier s’alignent bien avec les résultats de dose au cristallin. Pour les porteur·euse·s 001, 002, 003, 004 et 008, la différence entre la dose pour le corps entier et la dose au cristallin ne varie que de 0,07 à 0,64 mSv. Les résultats des porteur·euse·s 005, 006 et 007 ne sont pas concluants puisque 2 DTL oculaires de la zone TEP et un DTL oculaire de la zone MN ont été perdus ou n’ont pas été traités. Pour les personnes qui ne sont pas concernées par les isotopes de TEP, le risque de dose est plus faible. Ceci est évident pour les résultats des DTL oculaires du 2e trimestre de 2024, car les personnes les plus exposées ont reçu la majorité de leur dose de la zone de TEP (2,08 mSv, 1,59 mSv et 1,72 mSv, respectivement).  

Conclusion  

En se basant sur une revue de la littérature et des estimations calculées, le personnel de MN et de TEP ne devrait pas excéder la dose limite de la CCSN de 50 mSv/an. Il est intéressant de noter que les procédures de TEP contribuent à une exposition oculaire plus élevée. Étant donné que les doses mesurées et calculées s’alignent pour les yeux et pour le corps entier, il est possible de recommander que les dosimètres pour le corps entier soient également représentatifs de la dose au cristallin.

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