Contenu, distribution et biocinétique de l’uranium dans le corps humain : études du USTUR
Dr. Maia Avtandilashvili | Registres des transuraniens et de l’uranium des États-Unis, Université d’État de WashingtonSalle Enoch ABC
Depuis 1968, les Registres des transuraniens et de l’uranium des États-Unis (USTUR, en anglais) ont fait le suivi des individus (donneurs de tissus bénévoles) ayant été exposés au travail en étudiant la biocinétique et la dosimétrie des éléments actinides. Le USTUR maintient des données et des échantillons de tissus de six corps complets et de 38 corps partiels provenant de travailleur·euse·s ayant incorporé de l’uranium au travail. Dans cette étude, les concentrations d’uranium dans les tissus, la distribution dans le corps, et la biocinétique ont été comparées à celles d’un groupe d’individus (deux hommes et une femme) avec une exposition à l’uranium au travail et à celles d’un groupe d’individus (trois hommes) avec des incorporations chroniques environnementales uniquement.
Sur les trois personnes exposées professionnellement, l’une d’elles a inhalé de façon chronique de l’oxyde d’uranium de composition naturelle, une autre a inhalé de façon aiguë de l’UF6 faiblement enrichi et la troisième (femme) a inhalé à la fois de façons chronique et aiguë de l’U3O8 hautement enrichi. Le squelette était un site important de déposition pour les six individus où 55 ± 17 % de l’uranium systémique y était retenu au moment du décès. La concentration moyenne géométrique dans le squelette était 4,1 µg·kg-1 avec un écart-type géométrique de 1,7. L’uranium systémique était distribué également entre le squelette et les tissus mous. Pour les cinq hommes, le contenu en uranium dans les organes systémiques suivait la tendance suivante : squelette >> rate ≈ reins > foie ≈ cerveau > cœur ≈ thyroïde. Pour la seule femme, la tendance était : squelette >> cerveau ≈ reins > cœur ≈ foie > thyroïde ≈ rate. Pour l’inhalation du U3O8, environ 40 % de l’uranium inhalé au travail était encore retenu dans le squelette, suivi par les reins (~30 %), le cerveau et le foie (~10 %), et ce, 31 ans après l’exposition. Pour l’inhalation du UF6, 65 années après l’incorporation, environ 40 % de l’uranium provenant de l’incorporation au travail était retenu dans le cerveau, suivi par le foie (~26 %), le squelette (~21 %) et les reins (~7 %).